Qu’il soit celui d’un individu, d’un groupe ou d’une
manifestation, tout anniversaire se traduit par
une double dimension.
Il est censé être d’abord une réjouissance convoquant
des sentiments liés à une certaine longévité et à des
retrouvailles, avec toute la convivialité en mesure
d’animer un tel évènement. La vingtième édition
du Salon international du Livre d’Alger répond
parfaitement à ces qualités en venant marquer
et célébrer une entreprise culturelle assurément
formidable.
Centrée sur le livre – cet objet capable de contenir
tant d’univers –, elle s’est dévouée au fil des ans à
promouvoir le savoir et la littérature et à démontrer
combien les Algériens et les Algériennes d’aujourd’hui
leur demeurent attachés, prolongeant ainsi une
tradition ancestrale que notre peuple, en dépit des
vicissitudes de l’histoire, a toujours observée à l’égard
des « choses de l’esprit ». Chaque année depuis vingt
ans, le spectacle de ces foules, qui ont désormais
largement dépassé le million d’individus, est venu
nous confirmer cet extraordinaire engouement,
porté par quasiment tous les pans de la société
algérienne, liés d’une manière ou d’une autre au
livre et à ses vertus.
Le Salon international du Livre d’Alger s’est efforcé
depuis deux décennies d’accueillir au mieux des
possibilités ce public divers, de lui offrir l’occasion de
découvrir et d’acquérir des ouvrages et de s’enrichir
culturellement à travers les rencontres avec des
écrivains et chercheurs algériens ou étrangers. Les
performances de la manifestation en matière de
fréquentation et de participation viennent souligner le
chemin parcouru et les efforts consentis, l’inscrivant
à une place respectable dans l’agenda mondial des
salons du livre. C’est donc bien à une fête que nous
invite cette vingtième édition.
L’autre dimension d’un anniversaire est celle
de la réflexion indispensable à la poursuite d’un
parcours. Comment apprécier les actions réalisées
et comment aller de l’avant ? Comment assurer au
Salon international du Livre d’Alger un avenir qui lui
permette de demeurer le grand événement populaire
qu’il est devenu tout en se hissant à la hauteur des
grandes manifestations du genre qui se distinguent
par l’importance des échanges entre professionnels
du livre ?
Un éditorial n’est sans doute pas le lieu le plus
indiqué pour traiter de questions aussi importantes
et passionnantes. Mais l’on peut affirmer ici que les
réponses seront trouvées, non pas seulement dans le Salon international du Livre d’Alger mais dans
l’approfondissement d’une démarche globale de
promotion du livre dans tous ses aspects. Il ne faut pas
perdre de vue que le SILA constitue essentiellement
une vitrine et que la qualité et l’attractivité de cette
dernière dépendent en quelque sorte de ce dont nous
disposons dans « l’arrière-boutique ».
L’adoption récente de la Loi sur le Livre nécessite
déjà un train de mesures pratiques à mettre en place
dans les meilleures conditions. De même, nous avons
à développer la lecture publique qui, dans les pays
les plus avancés de la planète, assure au premier
plan la disponibilité des livres. L’effort de l’Etat pour
la construction de dizaines de bibliothèques sera
poursuivi avec une plus grande préoccupation de
l’action culturelle publique pour leur gestion et leur
animation.
De même, le soutien à l’édition, mesure qui a sans
nul doute permis de dynamiser ce secteur, mérite
que nous y injections davantage de rationalité, de
transparence et de modernité. Enfin, sans pouvoir
épuiser dans ce cadre tous les aspects de la véritable
révolution du livre que nous aurons à entreprendre,
il convient de souligner l’importance de la formation,
support d’une indispensable mise à niveau dans
tous les métiers du livre, depuis l’éditeur jusqu’au libraire en passant par le bibliothécaire, l’imprimeur,
le designer d’édition, etc.
Cette vingtième édition doit être perçue, à mon
sens, comme une occasion précieuse d’entamer
une renaissance, laquelle dispose déjà de progrès
palpables et, surtout, de l’engagement de nombreux
professionnels comme des attentes d’un immense
lectorat potentiel. Ce processus – et je m’y engage en
tant que commis de l’Etat comme en tant qu’écrivain
– se déroulera dans l’échange et la concertation.
Pour l’instant, pensons fortement, durant cette édition
exceptionnelle, au fait que le livre et ce qu’il induit
représentent la véritable richesse d’une nation.